A l’occasion de la sortie du nouveau portail d’overblog, j’ai voulu faire un point sur la monétisation des contenus générés par l’utilisateur (User Generated Content en anglais).
En effet parmi les sites les plus populaires au monde on retrouve une grande quantité de sites basés sur les UGC (youtube, facebook, blogger respectivement aux 3e 4e et 8e place du top selon alexa ). Dès lors se pose la question de comment rentabiliser un tel site.
La réponse venant immédiatement à l’esprit est la publicité, ensuite vient l’idée de faire payer l’utilisateur pour le service. Dans les deux cas un rentabilité est possible mais délicate.
Faire payer l’utilisateur.
Dans le cas où l’utilisateur peut user (et même parfois doit s’il veut rester dans l’air du temps) du service pour des raisons professionnelles il est envisageable de faire payer à celui-ci pour un service qui soit en adéquation avec ses attentes (le plus souvent une meilleure visibilité et une absence de publicité), viméo en est un bon exemple. Viméo est devenu grâce à son offre généreuse pour le contenu HD et sa présentation très tendance la plateforme favorite pour tous les artistes travaillant la vidéo. Si bien que toute personne voulant montrer son travail à tout intérêt à le faire sur Viméo et à prendre un compte «plus» pour le faire de façon professionnelle (j’ai un ami qui l’a fait et je vous encourage d’ailleurs à consulter son travail). On retrouve un peu le même principe avec l’offre premium d’Overblog qui a un peu été un laboratoire de rentabilité, elle à entre autres permis la suppression de la publicité sur l’administration, l’acquisition d’un nom de domaine, un support dédié, la possibilité de mettre de la publicité avec partage de revenu (cette option est aujourd’hui disponible en dehors de l’offre premium). Un autre exemple d’utilisation professionnelle d’un service basé sur l’UGC est la plateforme skyblog qui permet moyennant finance d’avoir un blog officiel sur skyblog, blog qui profitera d’une mise en avant toute particulière et de la communauté skyblog (si si y’en à que ça intéresse).
Cependant et dépendemment du service le nombre d’utilisateurs prêt à payer peut être loin d’être suffisant pour offrir une réelle rentabilité. Il faut alors aussi envisager une autre voie de rentabilisation comme par exemple faire payer le visiteur.
L’idée de faire payer le visiteur se rapproche des idées de mécénat global et licence globale et repose sur l’attachement de l’utilisateur (pour plus d’informations consulter mon article Financer et rentabiliser une oeuvre culturelle).
Les plus grandes limitations de ce système viennent de sa nature même, pour qu’un visiteur veuille s’impliquer dans le soutien d’un site il faut qu’il soit cd’une part onvaincu de la nécessité de le faire et d’autre part qu’il soit assez attaché au site pour en avoir envie.
Des expériences existe ça et la, on peut par exemple citer l’exemple de rue89.com
(pureplayer de l’information). Le site propose à ses utilisateurs de montrer leur soutien aux valeurs de rue89 et au site lui même tout en s’offrant une visibilité. On obtient 3 choses en soutenant rue89.
- De l’autosatisfaction (soutien à une cause jugée juste)
- De la valorisation (association de l’image de rue89 à la sienne)
- De la visibilité (lien vers son site).
Ces points sont d’ailleurs très bien mis en avant dans la communication officielle du site:
Ajoutez votre brique au mur de Rue89. En participant à sa construction, vous pouvez afficher votre site, votre entreprise ou votre photo. Mais vous affichez aussi votre soutien au modèle de presse de Rue89, à une information indépendante, participative et originale.
Cependant il est certain que, même si un internaute ne possède qu’une petite dizaine de sites référents qu’il consulte de façon régulière, il ne sera pas prêt à donner à chacun de ces dix sites. Il faut donc globaliser le concept en proposant un forfait qui sera ensuite répartie entre les sites visités. Ce principe est à la base du service contenture qui est un système complètement automatisé ne requierant aucune intéraction utilisateur. L’utilisateur paye un forfait mensuel qui est redistribué automatiquement aux sites qu’il visite.
a fully automated system that requires no user interaction. Users simply pay a set fee to Contenture on a monthly basis, and that money is automatically distributed to the sites they visit. (contenture.com/help/)
Cette idée, – qui à mon avis préfigure les principaux moyens de financement de demain – se heurte aux mêmes difficultés que le paiement non centralisé (méfiance, manque d’un système démocratisé), mais nous pouvons être sûr que ces difficultés finiront par disparaître d’elles mêmes avec le temps et grâce à l’acharnement d’une poignée de visionnaires.
La publicité
Au départ la publicité peut sembler être très adaptée pour les contenus générés par les utilisateurs, après tout les contenus générés par les utilisateurs permettent de créer une longue traîne de contenu, une longue traîne de contenu permet une offre d’espace plus riche et donc une longue traîne de publicité, c’est ce qui a rendu Google riche non ?
Non ! Google a certes ouvert le marché de la publicité au principe de la longue traîne, mais deux points importants différencient cette offre publicitaire avec ce que l’on peut retrouver sur youtube par exemple.
- Le contenu sur lequel on se positionne est déterminé par le visiteur
- La publicité est positionné sur un ensemble déterminé par l’annonceur.
On peut rajouter à cela que dans la majorité des cas ce qui est annoncé est de la même nature que ce qui est recherché (des liens).
Lorsqu’on décide d’annoncer sur un portail comme youtube ou overblog, il faut accepter le fait que le contenu n’est pas maîtrisé et que de ce fait l’on ne sait pas exactement à coté de quoi notre superbe annonce pour notre nouvelle glace goût chocolat sera placée.
En fait il existe une portion infime de contenu susceptible d’intéresser les annonceurs, car annoncer sur un contenu c’est bien associer son image à ce contenu, surtout si l’annonce est apposé au contenu comme on peut le voir sur youtube.
Si on rajoute à ce fait une habitude passéiste des annonceurs qui est que le contenu soit formaté pour valoriser la publicité (vous vous souvenez le temps de cerveau disponible ? ) on obtient des situations improbables comme la fin d’une collaboration sur la promotion de films parcequ’un bloggeur à utiliser un mot du registre argotique en parlant d’un film de l’annonceur (film dont il disait au passage du bien).
Une façon de pallier à cette frilosité est de proposer aux annonceurs un panel d’utilisateurs dit de confiance avec lesquels une relation (de confiance donc) sera développé et qui porteront les valeurs de la marque. C’est ce que fait overblog au travers de ces blogs sélectionnés.
Un blog sélectionné est choisi (à la main) pour sa thématique et sa qualité rédactionnel, on dispose ainsi d’un pool de blogs de qualité qu’il sera possible de présenter aux annonceurs.
Cette approche par sélection même si elle est adaptée au marché actuel demande des ressources conséquentes et ne permet pas de mettre en place une vraie longue traîne de publicité, l’offre étant volontairement limitée.
Bien entendu il est possible de mélanger les solutions afin d’obtenir un résultat plus probant, pour commencer on différencie les publicités sensibles des publicités qui ne le sont pas et les contenus de confiance de ceux-qui ne le sont pas. ensuite on s’efforce d’associer les publicités sensibles aux contenus de confiance. Cela revient en gros à mettre de la publicité de rencontre ou de crédit sur tous les contenus dont on ne connaît pas la provenance et à réserver les contenus de confiance aux publicités un peu plus haut de gamme. On peut aussi ajouter à tout ça un filtrage sur les habitudes du visiteur en plus du thème abordé par le contenu consulté pour obtenir un système à peu près cohérent et efficace.
Bon et le nouveau portail overblog dans tout ça ? et bien c’est assez simple, le portail overblog est la démonstration de ce que je viens de dire, l’ancienne version était basée sur du contenu utilisateur remonté automatiquement en s’appuyant sur une série d’indicateurs. On avait donc un portail 100% UGC même si un filtre de qualité était appliqué, le nouveau portail lui fait la part belle aux dossiers, éditos et autres contenus rédigés par des personnes de confiance et mettant en avant des blogs de confiance (ayant de façon logique du contenu de confiance), la même approche se retrouve sur youtube qui pour favoriser la rentabilité à décider de mettre en avant les contenus d’utilisateurs sélectionné (en l’occurence les professionnels). Cela annonce t’il la mort de la publicité sur le contenu non maîtrisé généré par les utilisateurs ? Rien n’est moins sûr, mais il est certain qu’un changement est en train de s’opérer. Peut être faudra t’il à terme considérer les sites permettant à l’utilisateur de publier ses oeuvres comme un vivier de talents qui pourront être utilisés par les annonceurs. On retrouverait alors le principe des freemium mais appliqué à la publicité. En attendant cette (très) hypothétique situation des milliers d’autres voies peuvent être explorés et la rentabilisation des services web 2.0 reste un sujet délicat et passionant.
illustration de geek&poke